Cela faisait déjà quelques jours que Johan s'était éveillé. Combien de temps avait-il dormit, exactement ? Bien plus que prévu. Plusieurs cycles, plusieurs passages de soleil et de lune. Le jeune homme avait mit longtemps à reprendre conscience, plongé dans les bras d'un Morphée possessif qui empêchait le jeune électrifié de s'extirper de cette mer de songes dont il était l'ultime Poséidon. Les dégâts qu'il avait subit durant son affrontement face à Liu Ka étaient bien plus importants que prévu. Tout son corps était meurtris des coups puissants de la lame impitoyable de son adversaire, son corps zébré de cicatrices, stigmates qui dépassaient la fine couche de tissu qui cachait le jeune homme, tenue d'hôpital obligatoire après tout.

Assis dans son lit, le regard bleuté du jeune garçon était tourné vers la fenêtre fermée de sa chambre, observant une Musutafu plongée sous une légère neige tombante lentement sur la ville japonaise. Ses yeux étaient perdus dans le vide, comme de nouveau plongé dans l'inconscient.

La pièce baignait dans une douce lumière, une légère musique de fond venant briser un silence monotone. Une musique de pop classique, qui s'échappait lentement et avec douceur d'un petit haut-parleur surmonté d'un ruban rouge. Ce dernier était un cadeau, entreposé à côté d'autres. Divers paquets, ouverts, laissant découvrir à l'œil curieux différents livres, des boites de chocolat entamés, différents bouquets de fleurs. Dans l'un d'eux, un petit livre semblait sortir doucement du feuillage, comme caché, et la pointe d'un sein dénudé trahissait le contenu pervers de l'ouvrage. Un cadeau d'un de ses frères de chambres, l'entièreté des membres du gîte étant venus, en premier, au chevet du jeune électrifié.

Les cadeaux venaient donc d'eux, en grande majorité. Il n'était pas idiot, qu'entre hommes en plein dans les méfaits des hormones, qu'un de ses grands gaillards n'ose glisser un tel livre dans un cadeau d'un garçon alité !...

Quelques jours. Déjà. Il se souvenait de son réveil. Du regard étonné du médecin qui réalisait son check-up, observant, sur la machine bipant au rythme de son cœur, l'avancée des soins de son patient. Johan remarqua sa surprise sur son visage, l'arrivée des infirmières. Pour le jeune garçon, il sortait à peine de son combat. Si le monde avait déjà vu passer plusieurs jours depuis la fin de ce combat, pour l'électrifié, cela ne faisait quelques heures.

Puis, les dialogues. Les débats. Les mots. Les recommandations de Médecins patients, qui tentaient, tant bien de mal, d'inculquer au jeune héros en devenir les problèmes qu'il avait rencontré. Tant bien que mal, parce-que Johan avait du mal à comprendre, à écouter. Il venait de faire un saut dans le temps, sans même s'en rendre compte. Pas littéralement, non. Mais il n'avait aucun souvenir de ces jours de repos. Ne s'en était même pas rendu compte. Tant d'heures d'inconscience, et pourtant, il était toujours si... fatiguée. Crevé...

Il resta ainsi, à moitié allongé dans son lit. Jusqu'à la fameuse arrivée des membres du gîte, qui félicitèrent Johan pour sa victoire. Il esquissa ainsi son premier sourire, regagna des couleurs, heureux de voir d'autres âmes que celles du personnels. Ses parents n'étaient pas encore venus, mais le jeune garçon s'en moquait. Il profitait du moment, discutait, avant d'avoir droit à une retransmission de son combat, enregistré par les jeunes frères gérants, là où les autres jeunes hommes étaient venus d'eux même l'observer depuis les gradins.

Cette retransmission, Johan l'observa avec attention. On dirait que l'alter de Liu Ka allait jusqu'à enfoncer les machines dans des illusions : les images marquées sur la pellicule n'avaient rien à voir avec ce qu'il avait vécu. Cela ressemblait à un combat tout-à-fait classique. Aucun des coups bas du jeune Chinois ne fut immortalisé. Johan était... énervé. Il ne le montrait pas, bien entendu. Mais ses poings étaient serrés. Putain. Cet enfoiré s'en sortait. Il lui avait fait vivre un enfer, avait menacé des gens, dont même un collègue de sa classe.

Putain de merde.

Puis, une fois partis, tout revint à la normale. Il était là, seul, installé dans son lit. Et il observait le ciel. Dehors. Le monde extérieur. L'homme attendait avec patience que son corps se remette de ses blessures, que ses stigmates disparaissent. Qu'il puisse de nouveau aller s'entraîner, se développer. Revoir certaines personnes, aussi. Des gens qu'il n'avait pas revu depuis quelques temps. Comme cette jeune élève de deuxième année, la jeune Hanami, avec qui il passait du temps.

Il aimerait bien retourner avec elle manger un bout. L'entraîner un petit peu. Quoi que ce soit, tant qu'il passait un peu de temps avec elle.

Écrit et codé par Johan R. Grant